➡️ Valérie Rosoux, Directrice de recherches FNRS à l’UCLouvain – Université catholique de Louvain commente dans Le Soir les enjeux liés aux bilans du nombre de morts dans les conflits armés.
Après sept jours de guerre, alors que le ministère ukrainien de la Défense a annoncé que 5.840 soldats russes avaient jusqu’ici été tués par l’armée ukrainienne, le ministère russe de la Défense reconnaissait, de son côté, la mort de 498 de ses soldats. Des sources américano-européennes parlent elles plutôt de 2.000 soldats russes tués. Par ailleurs, selon les services d’urgence ukrainiens, plus de 2.000 civils ont déjà perdu la vie.
💬 « Dans tous les conflits, la question du nombre de morts dure des années », commente la chercheuse. « On ne sait toujours pas combien de fellaghas algériens ont été tués pendant la guerre d’Algérie : il n’y a pas de consensus sur ce bilan. S’y ajoute la douloureuse question des disparus. Ce sont ces bilans que l’on cherche toujours à cacher quand il y a eu violation directe des traités internationaux, des droits humains. Les descendants des victimes, eux, ne vont jamais arrêter leur combat en faveur de la vérité. C’est comme une cascade de montagne : on ne peut l’arrêter. Nous sommes face à un désastre vertigineux. Après un conflit armé, le temps de la reconstruction ne se compte pas en années, mais en générations ».
Depuis le début de la guerre, l’armée ukrainienne a par ailleurs affirmé avoir fait des dizaines de prisonniers et invité les mères de soldats russes capturés à « venir les chercher, à Kiev ». « C’est assez fin », analyse Valérie Rosoux. « Dans de nombreux conflits, en Argentine ou en Tchétchénie, on a vu les mères ou les grands-mères devenir actrices pour la paix. Même si, vu la réduction actuelle des libertés en Russie, je ne suis pas convaincue du poids qu’elles pourraient avoir face aux décisions politiques ».