Depuis le début de la pandémie de COVID-19, la science a, partout dans le monde, « naturellement » occupé le devant de la scène. Les scientifiques ont été sollicités sur tous les tons pour livrer leurs analyses, apporter leurs éclairages, participer à des débats, mais aussi conseiller le politique. Il faut y voir avant tout la confirmation d’un capital confiance vis-à-vis de la science telle que nous la pratiquons et la défendons : rigoureuse, libre, transparente et partagée…
Bien sûr, certaines controverses scientifiques excessivement médiatisées, certaines erreurs méthodologiques de chercheurs, qui ont voulu aller trop vite, ont suscité de nombreuses questions. Mais cela a aussi mis en lumière les incertitudes qui caractérisent la démarche et les cheminements scientifiques, par nature non tracés à l’avance. Cela a permis de montrer que les débats, les échanges et les oppositions étaient essentiels aux progrès de la science : Thomas Kuhn l’avait bien montré dans son analyse des « révolutions scientifiques ».
Mais sans doute notre époque inquiète est-elle davantage en besoin de certitudes faciles et d’évidences simples. Le rôle du monde scientifique devrait alors être de mieux faire comprendre la complexité des choses, d’exposer, d’expliquer et de transmettre… Et de maintenir avec les citoyens une relation de confiance.
Car cette confiance du grand public vis-à-vis de la science est bien vivace ! Elle s’est manifestée, très concrètement, à l'occasion des récentes campagnes d'appels aux dons du FNRS : une première dans le cadre de la recherche contre le Coronavirus, dont les résultats ont contribué au financement par le FNRS de 21 Crédits Urgents de Recherche et 13 Projets Exceptionnels de Recherche, pour un montant total de 4 millions € ! Et l’opération Télévie qui, grâce à la confiance et l’incroyable générosité et mobilisation de milliers de personnes (plus de 10,5 millions € récoltés), permet de financer 90 chercheurs et techniciens ainsi que 6 projets de recherche contre le cancer.
La confiance, elle anime aussi à l’évidence les 15 nouveaux Chercheurs et Chercheuses qualifiés qui sont présentés dans ce numéro et qui viennent d’entamer leur nouveau mandat à durée indéterminée : portraits passionnants de personnalités enthousiastes et conscientes de leurs responsabilités…
Il y a près de 500 ans, François Rabelais a écrit : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »… Une science sans confiances ferait planer sur nos sociétés une menace
tout aussi effrayante.
Véronique Halloin,
Secrétaire générale du FNRS