Page 11 - Dossier-Mecenat-83

DOSSIER mÉCÉNAT QUESTioNS à LUC WiLLAME (PRéSiDENT DE LA FoNDATioN LoUVAiN) Le secteur privé est-il appelé à prendre que les chercheurs de l’université passent souvent plus intéressés par un thème une place de plus en plus importante avec des sociétés. Notre action n’a rien de recherche bien circonscrit, avec des dans le fnancement de la recherche à voir avec cela. Il ne faut pas confondre résultats attendus dans les deux ou trois universitaire ? contrat et mécénat. Les mécènes ne sont ans. Mais en recherche fondamentale, Luc Willame : Je renverserais plutôt la pas propriétaires de la recherche qu’ils on ne sait pas toujours bien où on va, question. Il existe pas mal de sociétés fnancent et nous essayons même de leur ni quand on obtiendra des résultats. Or qui ont intérêt à faire des dons liés à leur proposer de soutenir des domaines qui il est primordial de soutenir la recherche image, à jouer un rôle de citoyen respon- ne sont pas liés directement à leur acti- fondamentale. sable. Plutôt que de soutenir des tournois vité. Par exemple, la chaire Glaverbel est La quête de subside ne mange-t-elle de golf, pourquoi ne se tourneraient-elles consacrée à la civilisation européenne, ce pas trop le temps des chercheurs ? pas vers l’université pour rencontrer ce qui n’a rien à voir avec la fabrication du L. W. : En tout cas l’existence de la fon- Luc Willame souhait de visibilité ? D’autant plus que verre. La chaire Delhaize est centrée sur dation allège ce fardeau. C’est le Conseil les entreprises sont très sensibles au pro- l’obésité, qui a certes quelque chose à voir rectoral et le Bureau de la Fondation qui « lEs mécènEs blème de la qualité de l’enseignement et avec le commerce de l’alimentation, mais défnissent les critères de tous les projets. sont confrontées à la nécessité de trouver la chaire fait appel à un mélange trans- nE sont pas du personnel qualifé. Cela correspond aux versal de disciplines de recherche très Puis c’est l’équipe de la fondation qui propriétairEs intérêts à long terme de l’université, car la diverses. Notre approche permet ainsi de cherche un donateur intéressé. Le cher- cheur, lui, doit passer du temps à décrire dE la rEchErchE qualité de la formation nous préoccupe ne pas laisser sur le côté des disciplines son projet, mais la fondation l’aide à le qu’ils financEnt presque plus que l’aspect recherche. qui ont peut-être moins de visibilité en présenter de manière attrayante. Nous termes de résultats. Et nous EssaYons Le souci de visibilité des mécènes ne travaillons essentiellement par projets, risque-t-il pas de laisser à l’écart des Je crois que le vrai problème auquel nous que nous élaborons en fonction des mêmE dE lEur champs de recherche moins attrayants? sommes confrontés est de bien faire la dif- besoins et des souhaits de l’université et proposEr dE L. W. : Nous sommes très attentifs à faire la férence entre recherche appliquée et re- que nous proposons ensuite à des entre- soutEnir dEs distinction avec les contrats de recherche cherche fondamentale. Les mécènes sont prises ou à des particuliers intéressés. domainEs qui nE sont pas liés En savoir plus : dirEctEmEnt à www.uclouvain.be/fondation-louvain.html lEur activité.» QUESTioNS à PiERRE DRioN (PRéSiDENT DE LA FoNDATioN ULB) Le secteur privé est-il appelé à prendre bien les sciences de la vie, l’archéologie, une place de plus en plus importante l’astrophysique que les mathématiques. dans le fnancement de la recherche Vos lecteurs verront la diversité des exper- universitaire ? Et pourquoi créer une tises et seront enthousiasmés, comme je entité distincte? l’ai été, par la lumière sur l’avenir qu’ils Pierre Drion : Le rôle de la Fondation apportent. ULB est de trouver les fnancements complémentaires et indispensables à La quête de subside ne mange-t-elle la recherche de pointe. Il est apparu, à pas trop le temps des chercheurs ? l’instar de beaucoup d’universités dans P. D. : Le rôle de la fondation ULB est com- le monde, qu’un instrument uniquement plémentaire au travail des chercheurs et dédié à cette mission était plus effcace et je pense qu’en soulageant ceux-ci d’ une plus clair pour les donateurs. grande partie des longues démarches Pierre Drion auprès des donateurs, cela rendra au Les Alumni, les Amis de l’université, les contraire leurs efforts plus effcaces. « lE rôlE dE la entreprises, les fondations ont un rôle fondation ulb majeur à jouer pour aider et stimuler les Beaucoup de chercheurs consacrent du brillants jeunes chercheurs que comptent temps à trouver les fnancements néces- Est dE trouvEr nos universités et en l’occurrence l’ULB. saires et ceci à l’intérieur de l’université lEs financEmEnts Progressivement, mais sûrement, les do- aussi bien qu’à l’extérieur. Ce n’est pas nateurs potentiels seront convaincus de nécessairement une perte de temps pour complémEntairEs participer ainsi à l’avenir de notre société. eux. Il leur faut, en effet, bâtir un projet Et indispEnsablEs synthétique et cohérent qui nécessite une Le souci de visibilité des mécènes ne à la rEchErchE risque-t-il pas de laisser à l’écart des réfexion en profondeur et peut dès lors champs de recherche moins attrayants? les aider à clarifer leurs idées. dE pointE.» P. D. : Je ne pense pas et j’invite vos lec- D’ailleurs, dans beaucoup d’universités teurs à regarder sur notre site les magni- américaines, la sollicitation de fonds En savoir plus : fques clips vidéo de huit des talents que fait partie intégrante du travail des cher- www.fondation-ulb.org. nous souhaitons aider. Ils couvrent aussi cheurs.