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18%u2013 FNRS.NEWS 134-JUIN 2025des seules longueurs d%u2019onde visibles par l%u2019%u0153il. L%u2019infrarouge en fait aussi partie (comme l%u2019ultra-violet d%u2019ailleurs) et qui dit infrarouge dit chaleur. Jusqu%u2019%u00e0 maintenant, l%u2019%u00e9lectrochromisme ne pouvait pas filtrer s%u00e9lectivement ces rayons de chaleur dont on aimerait qu%u2019ils ne sortent pas de la pi%u00e8ce en hiver et qu%u2019ils n%u2019y entrent pas en %u00e9t%u00e9. Ils %u00e9taient bloqu%u00e9s (ou pas) en m%u00eame temps que le visible. Du moins jusqu%u2019%u00e0 la r%u00e9alisation du projet PLASMON-EC, financ%u00e9 par le FNRS, initi%u00e9 par Anthony Maho (ex-ULi%u00e8ge, aujourd%u2019hui professeur %u00e0 Bordeaux) et le Professeur Rudy Cloots (ULi%u00e8ge) et dont le Professeur Luc Henrard de l%u2019UNamur a %u00e9t%u00e9 le coordinateur. Le but ? Tenter de faire avec la chaleur ce qu%u2019on a pu faire avec la lumi%u00e8re visible.%u00ab%u00a0Ce n%u2019est pas parce qu%u2019une vitre est opaque %u00e0 la lumi%u00e8re visible que la chaleur ne passe pas, explique Micha%u00ebl Lobet, Chercheur qualifi%u00e9 FNRS %u00e0 l%u2019UNamur ayant collabor%u00e9 au projet. L%u2019id%u00e9e est de contr%u00f4ler s%u00e9par%u00e9ment les deux bandes passantes (lumi%u00e8re et chaleur) afin de permettre une combinaison de quatre modes%u00a0: lumineux, opaque, chaud, froid. Donc d%u2019avoir, par exemple, un vitrage qui laisse passer la lumi%u00e8re, mais pas la chaleur (lumineux-froid), ce qui permet de ne pas %u00e9clairer les pi%u00e8ces sombres en %u00e9t%u00e9 parce qu%u2019on a ferm%u00e9 des volets !%u00a0%u00bb Les chercheurs ont ainsi d%u00e9velopp%u00e9 une nouvelle forme de mat%u00e9riau %u00e9lectrochrome, dit MoWOx. Un terme qui refl%u00e8te la composition du mat%u00e9riau, oxyde (Ox) mixte de molybd%u00e8ne (Mo) et de tungst%u00e8ne (W). Si la mod%u00e9lisation th%u00e9orique et num%u00e9rique a %u00e9t%u00e9 r%u00e9alis%u00e9e par l%u2019%u00e9quipe de Luc Henrard %u00e0 l%u2019UNamur, c%u2019est le laboratoire Greenmat (ULi%u00e8ge) qui a synth%u00e9tis%u00e9 le mat%u00e9riau sous forme d%u2019un film mince. Celui-ci est ensuite d%u00e9pos%u00e9 sur la vitre%u00a0; une faible tension %u00e9lectrique lui est appliqu%u00e9e %u00e0 l%u2019aide d%u2019une t%u00e9l%u00e9commande, exactement comme on le ferait, par exemple, pour lever ou abaisser un volet. Les%u00a0particules d%u2019oxyde de cet hybride de Mo et de W sont m%u00e9lang%u00e9es %u00e0 un mat%u00e9riau, un %u00e9lectrolyte, dont la fonction est de conduire les %u00e9lectrons (en cas de tension %u00e9lectrique appliqu%u00e9e) vers les particules qui vont r%u00e9agir diff%u00e9remment en fonction de leur taille et%u00a0forme. %u00ab%u00a0En fait, explique Micha%u00ebl Lobet, le MoWOx est un mat%u00e9riau plasmonique, c%u2019est-%u00e0-dire dont les %u00e9lectrons libres peuvent osciller collectivement, un%u00a0peu comme une foule dans un concert dont tous les individus agitent par exemple les bras dans un mouvement concert%u00e9. %u00c0%u00a0ce stade, le mat%u00e9riau plasmonique peut absorber, diffuser ou r%u00e9fl%u00e9chir la lumi%u00e8re de mani%u00e8re s%u00e9lective selon sa composition et sa structure.%u00a0%u00bb Une sp%u00e9cificit%u00e9 qui serait peut-%u00eatre due au fait que, dans le film, les particules sont h%u00e9riss%u00e9es de piquants %u2013%u00a0un peu comme un oursin%u00a0%u2013, qui seraient responsables de l%u2019effet plasmonique. Cela reste toutefois une hypoth%u00e8se %u00e0%u00a0confirmer.Les articles publi%u00e9s par les chercheurs ne constituent pas un aboutissement, mais un espoir d%u2019y parvenir. %u00ab%u00a0%u00c0 l%u2019heure actuelle, avoue Micha%u00ebl Lobet, il nous faut am%u00e9liorer la stabilit%u00e9 et la rapidit%u00e9 de commutation d%u2019un %u00e9tat %u00e0 un autre et les blocages de l%u2019infrarouge et du visible, qui ne sont pour l%u2019instant que partiels. Et bien s%u00fbr, exploiter de nouvelles techniques de fabrication du film qui n%u2019existe aujourd%u2019hui que sous la forme d%u2019%u00e9chantillon de laboratoire !%u00a0%u00bb. Une technique qu%u2019il serait int%u00e9ressant de d%u00e9velopper rapidement, car on estime que 40% de la chaleur interne d%u2019un b%u00e2timent sont dissip%u00e9s par les vitres ! Les int%u00e9r%u00eats %u00e9conomiques et %u00e9cologiques des vitres %u00e9lectrochromes sont donc %u00e9vidents.Champion toutes%u00a0cat%u00e9goriesC%u2019est une d%u00e9couverte in%u00e9dite qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la compr%u00e9hension des ph%u00e9nom%u00e8nes %u00e9nerg%u00e9tiques extr%u00eames de l%u2019univers%u00a0: une %u00e9quipe FNRS/UCLouvain a collabor%u00e9 %u00e0%u00a0la%u00a0d%u00e9tection d%u2019un neutrino ultra%u00e9nerg%u00e9tique.Particule %u00e9l%u00e9mentaire tr%u00e8s l%u00e9g%u00e8re et %u00e9lectriquement neutre, le neutrino a une%u00a0qualit%u00e9 et un d%u00e9faut. Sa qualit%u00e9%u00a0: %u00eatre un messager qui fournit potentiellement des informations sur les lieux dont il est%u00a0originaire ou qu%u2019il traverse. Son d%u00e9faut%u00a0: n%u2019interagissant pratiquement pas avec la mati%u00e8re, il%u00a0est tr%u00e8s difficile %u00e0 d%u00e9tecter malgr%u00e9 son abondance (c%u2019est la particule la plus abondante de l%u2019univers, des milliards d%u2019entre eux nous traversent %u00e0 chaque seconde). Comment faire ? En rusant, car%u00a0sa d%u00e9tection n%u2019est jamais directe. Quand, %u00e9v%u00e9nement rarissime, un neutrino vient frapper un atome, le choc produit un muon (autre particule %u00e9l%u00e9mentaire) qui est propuls%u00e9 %u00e0 tr%u00e8s grande vitesse. Si le ph%u00e9nom%u00e8ne se produit dans un liquide, par exemple dans l%u2019eau, cette vitesse peut d%u00e9passer la vitesse de la lumi%u00e8re dans le vide, ce qui s%u2019accompagne d%u2019une lumi%u00e8re bleue (effet%u00a0Cherenkov) ais%u00e9ment rep%u00e9rable. C%u2019est ce ph%u00e9nom%u00e8ne qu%u2019a enregistr%u00e9 un des deux d%u00e9tecteurs de la collaboration KM3NeT (soutenue par le FNRS) immerg%u00e9s au fond de la M%u00e9diterran%u00e9e. Ce d%u00e9tecteur, ARCA, est compos%u00e9 d%u2019un r%u00e9seau de capteurs qui, lorsqu%u2019il sera totalement assembl%u00e9, occupera un volume d%u2019un kilom%u00e8tre cube (d%u2019o%u00f9 le nom de la collaboration) au large de la Sicile par 3.450 m de fond. Une %u00e9quipe de l%u2019UCLouvain, sous la direction de Gwenha%u00ebl Wilberts Dewasseige, Professeure %u00e0 l%u2019Institut de recherche en math%u00e9matique et physique et Promotrice principale IISN FNRS, a largement contribu%u00e9 %u00e0 cette d%u00e9couverte. Cette %u00e9quipe comprend quatre chercheurs FNRS (Eliot Genton, Aspirant, Mathieu Lamoureux et Jeffrey Lazar, tous deux Charg%u00e9s de recherches, et Jonathan Mauro, Boursier FRIA) ainsi qu%u2019un chercheur BELSPO (Per Arne Sevle Myhr). %u00ab%u00a0En fait, explique Mathieu Lamoureux, la d%u00e9tection s%u2019est produite le 13 f%u00e9vrier 2023, mais il a fallu deux ans d%u2019analyse pour %u00eatre certain qu%u2019il s%u2019agissait d%u2019un neutrino et surtout d%u2019un neutrino d%u2019ultra-haute %u00e9nergie !%u00a0%u00bb. Une %u00e9nergie jamais d%u00e9tect%u00e9e auparavant pour un neutrino%u00a0: 220 PeV (220 peta%u00e9lectronvolts), soit 220 millions de milliards d%u2019eV ! 30 fois plus que ce qu%u2019on avait enregistr%u00e9 par le pass%u00e9. Qu%u2019une particule aussi infime puisse transporter autant d%u2019%u00e9nergie est vraiment extraordinaire.