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70%u2013 FNRS.NEWS 134-JUIN 2025La fuite des cerveaux qui va se produire aux %u00c9tats-Unis sera-t-elle b%u00e9n%u00e9fique pour l%u2019Europe ?Il est probable que des personnes qui se sont install%u00e9es aux %u00c9tats-Unis, les bons chercheurs et chercheuses que nous aurions perdus, reviendront en Europe. Mais je suppose que la situation aux %u00c9tats-Unis ne sera pas permanente. La curiosit%u00e9 humaine et toute la culture de la recherche ne vont pas dispara%u00eetre du jour au lendemain. Elles seront ralenties, r%u00e9duites, minimis%u00e9es, mais elles ne dispara%u00eetront pas. C%u2019est pourquoi elles r%u00e9appara%u00eetront. Mais ne nous m%u00e9prenons pas. L%u2019id%u00e9e selon laquelle nous pourrions enfin, en raison de la situation aux %u00c9tatsUnis, recruter tous les chercheurs et chercheuses que nous n%u2019%u00e9tions pas en mesure de recruter auparavant est absurde. Nous devons nous demander pourquoi ces chercheurs sont partis. Nous devrions faire en sorte que l%u2019Europe soit attrayante, ind%u00e9pendamment du fait que les scientifiques aient %u00e0 craindre des r%u00e9percussions ailleurs.Le moteur principal de cet int%u00e9r%u00eat n%u2019est-il pas aussi une question de moyens financiers ?Vous savez, il y a beaucoup de choses en Europe qui sont meilleures qu%u2019aux %u00c9tats-Unis. Notre syst%u00e8me de sant%u00e9 est nettement meilleur. Par cons%u00e9quent, notre mortalit%u00e9 infantile est plus faible, notre esp%u00e9rance de vie est plus %u00e9lev%u00e9e, les indices de bonheur sont plus %u00e9lev%u00e9s dans de nombreux pays d%u2019Europe. O%u00f9 est donc le probl%u00e8me? L%u2019argent n%u2019est pas la seule chose qui compte. Notre syst%u00e8me d%u2019%u00e9ducation est gratuit, de sorte que les familles avec deux enfants n%u2019ont pas besoin de disposer de 100.000 dollars par an pour les envoyer %u00e0 l%u2019universit%u00e9. Toutes ces choses sont bien meilleures ici qu%u2019aux %u00c9tats-Unis. Ce n%u2019est donc pas seulement une question d%u2019argent. Mais l%u2019argent joue un r%u00f4le important. Ainsi, certains pays offrent de tr%u00e8s bons salaires et sont donc tr%u00e8s attractifs pour les %u00e9trangers. Je pense %u00e0 la Suisse. Dans d%u2019autres pays, nous avons entendu des plaintes de la part de la communaut%u00e9 scientifique. Alors oui, l%u2019argent compte. Nous devons reconna%u00eetre qu%u2019une carri%u00e8re dans la recherche exige du d%u00e9vouement et doit %u00eatre soutenue.L%u2019une des r%u00e9ponses de la Commission europ%u00e9enne %u00e0 la situation que nous connaissons depuis quelques mois est le lancement par la pr%u00e9sidente Ursula von der Leyen du programme %u00ab%u00a0Choose Europe for Science%u00a0%u00bb, qui propose des moyens suppl%u00e9mentaires aux chercheurs d%u00e9sireux de s%u2019%u00e9tablir de ce c%u00f4t%u00e9-ci de l%u2019Atlantique. Avons-nous l%u00e0 une v%u00e9ritable opportunit%u00e9 de reprendre la main sur la recherche scientifique ?Je pense que c%u2019est une tr%u00e8s bonne chose. Mais pour que cela soit durable, tous les pays europ%u00e9ens doivent jouer le jeu. Cela ne peut pas %u00eatre de la seule responsabilit%u00e9 de l%u2019ex%u00e9cutif europ%u00e9en. Supposons qu%u2019un chercheur europ%u00e9en expatri%u00e9 aux %u00c9tats-Unis soit sollicit%u00e9 par une universit%u00e9 europ%u00e9enne. Cette personne ne reviendra pas simplement parce que le Conseil europ%u00e9en de la recherche lui offrirait un financement de quelques millions d%u2019euros sur une p%u00e9riode de cinq ans. Elle voudra revenir en Europe pour un poste dans son pays d%u2019origine, avec un bon salaire, de bonnes infrastructures, de bonnes biblioth%u00e8ques, de bons laboratoires de recherche, de bons %u00e9tudiants. Les %u00c9tats europ%u00e9ens doivent rendre l%u2019Europe attrayante. Avez-vous le sentiment que, depuis la cr%u00e9ation de l%u2019ERC, il y a eu dans plusieurs pays d%u2019Europe, voire dans tous les pays d%u2019Europe, un certain nombre de projets de recherche qui ont %u00e9t%u00e9 moins financ%u00e9s par des fonds publics ?Je pense que c%u2019est tout le contraire. Je ne connais qu%u2019un seul pays o%u00f9 le financement public prend en compte tout autre financement%u00a0: c%u2019est le Danemark o%u00f9 la communaut%u00e9 scientifique n%u2019est pas tr%u00e8s satisfaite de cette situation. Dans d%u2019autres pays, c%u2019est plut%u00f4t le contraire qui se produit. Il existe par exemple des programmes dans le cadre desquels les pays soutiennent activement leurs chercheuses et chercheurs quand ceux-ci sont class%u00e9s %u00ab%u00a0A%u00a0%u00bb mais ne re%u00e7oivent finalement pas de financement de l%u2019ERC. Des moyens sont inject%u00e9s pour soutenir, %u00e0 l%u2019%u00e9chelle d%u2019une nation, les meilleurs chercheurs. Aux %u00c9tats-Unis, des%u00a0milliardaires se rapprochent,voire collaborent avec le nouveau pouvoir politique f%u00e9d%u00e9ral. Ne craignezvous pas que, %u00e0 un moment donn%u00e9, certaines revues scientifiques traditionnelles, et notamment les revues les plus prestigieuses, ne soient rachet%u00e9es par ces personnes M%u00eame si la majorit%u00e9 des%u00a0gens font confiance %u00e0 la science, il est tr%u00e8s pr%u00e9occupant que ce ne soit pas le point de vue dominant partout.%u00a9 Danny Gys