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                                    4 - T%u00c9L%u00c9VIE.NEWS 13 - D%u00c9CEMBRE 2024T H %u00c9 R A P I E S D E L %u2019 A V E N I R L%u2019IA, une nouvelle alli%u00e9e dans la luttecontre le cancerDans plusieurs disciplines, telles que l%u2019imagerie m%u00e9dicale, l%u2019intelligence artificielle fait parfois d%u00e9j%u00e0 partie du quotidien. Et de plus en plus, elle s%u2019invite aussi dans la recherche en canc%u00e9rologie. Avec, %u00e0 la cl%u00e9, des diagnostics plus rapides, mais aussi des traitements plus pr%u00e9cis et personnalis%u00e9s.Joan Somja est pathologiste au CHU de Li%u00e8ge. Toute la journ%u00e9e, elle observe minutieusement des cellules pr%u00e9lev%u00e9es chez des patients lors de biopsies, et cherche %u00e0 d%u00e9terminer si ces derni%u00e8res sont canc%u00e9reuses ou susceptibles de le devenir. Et alors que cette pratique passe depuis longtemps par un microscope, elle se fait aussi d%u00e9sormais par le biais d%u2019un ordinateur assist%u00e9 par des algorithmes d%u2019intelligence artificielle. %u00ab L%u2019IA en m%u00e9decine est actuellement une r%u00e9volution en marche, s%u2019enthousiasme la praticienne. De nombreux praticiens l%u2019utilisent tr%u00e8s souvent, et il s%u2019agit v%u00e9ritablement d%u2019un outil universel. %u00bbImpossible ces derniers temps de passer %u00e0 c%u00f4t%u00e9 de l%u2019IA, tant ses usages explosent dans tous les corps de m%u00e9tiers. Et pourtant, si cette technologie semble %u00eatre apparue au milieu des ann%u00e9es 2010, elle est en r%u00e9alit%u00e9 n%u00e9e au milieu des ann%u00e9es 1960, avec la cr%u00e9ation des neurones artificiels. Ces derniers sont inspir%u00e9s de la capacit%u00e9 de notre cerveau %u00e0 reconna%u00eetre de nouvelles choses %u00e0 partir de ce qu%u2019il a d%u00e9j%u00e0 vu. Une comp%u00e9tence tr%u00e8s utile, alors que la quantit%u00e9 de donn%u00e9es m%u00e9dicales augmente tr%u00e8s rapidement.%u00ab Les cellules que l%u2019on observe sont d%u00e9pos%u00e9es sur des lames, que l%u2019on regarde au microscope %u00e0 tr%u00e8s fort grossissement, d%u00e9voile la pathologiste. Pour %u00eatre exploit%u00e9es par un algorithme, il faut donc qu%u2019elles soient scann%u00e9es %u00e0 tr%u00e8s haute r%u00e9solution. Cela peut facilement atteindre jusqu%u2019%u00e0 deux gigaoctets de donn%u00e9es par lame, et on peut en recevoir plus d'une vingtaine par patient. %u00bbMais pour la scientifique, le jeu en vaut largement la chandelle. %u00ab Dans le cas du cancer de la prostate, par exemple, avant m%u00eame que l%u2019on ne regarde les images par nous-m%u00eames, l%u2019algorithme va guider notre attention vers les zones %u00e0 risques, explique la Pre Somja. On obtient alors une sorte de carte, avec en rouge les cellules que l%u2019IA estime canc%u00e9reuses, en orange les zones pr%u00e9-canc%u00e9reuses, etc. Cela nous fait gagner un temps extr%u00eamement pr%u00e9cieux, et cela se traduit par un diagnostic plus rapide pour le patient. %u00bbSi ces algorithmes sont si performants, c%u2019est gr%u00e2ce aux dizaines de milliers d%u2019images patiemment accumul%u00e9es au fil des ann%u00e9es, puis class%u00e9es, stock%u00e9es dans des bases de donn%u00e9es, et finalement d%u00e9crites en d%u00e9tail par des scientifiques du monde entier. Le principe est simple : une fois qu%u2019ils ont analys%u00e9 ces milliers d%u2019images, les algorithmes d%u2019IA sont d%u00e9sormais capables d%u2019%u00e9mettre un diagnostic sur des images qu%u2019ils n%u2019ont jamais vues. %u00ab En fonction des bases de donn%u00e9es qui ont servi %u00e0 leur entra%u00eenement, certains algorithmes peuvent %u00e9galement d%u00e9terminer certaines caract%u00e9ristiques li%u00e9es au cancer, afin de nous aider %u00e0 d%u00e9terminer son agressivit%u00e9 par exemple, et d%u2019%u00e9tablir un pronostic %u00bb, ajoute la clinicienne. Cette capacit%u00e9 fait actuellement l%u2019objet de nombreuses recherches, en raison de la capacit%u00e9 des algorithmes %u00e0 d%u00e9celer des choses invisibles aux yeux des pathologistes. %u00ab Dans certains cas, l%u2019IA va reconna%u00eetre des configurations de cellules qu%u2019elle estime %u00eatre associ%u00e9es %u00e0 un moins bon pronostic, sans que l%u2019on en comprenne la raison,r%u00e9v%u00e8le la Pre Somja. Cela peut %u00eatre li%u00e9 aux interactions entre les cellules, %u00e0 l%u2019environnement immunitaire%u2026 En travaillant sur ces r%u00e9sultats, cela va nous permettre aussi de faire des recherches qui vont am%u00e9liorer notre compr%u00e9hension des cancers. %u00bbCroiser les donn%u00e9esSp%u00e9cialiste du cancer du sein, le Pr Christos Sotiriou, Directeur de recherches FNRS et Directeur du laboratoire de recherche en canc%u00e9rologie Jules Bordet, partage totalement l%u2019enthousiasme de Joan Somja pour l%u2019utilisation de l%u2019IA. %u00ab Personne ne peut contester la rapidit%u00e9 des IA %u00e0 %u00e9tablir, %u00e0 partir d%u2019une simple image de biopsie, la pr%u00e9sence ou non d%u2019un cancer %u00bb, estime-t-il. Un gain en rapidit%u00e9, donc, mais %u00e9galement en pr%u00e9cision. %u00ab Il existe jusqu%u2019%u00e0 cinq types de cancer du sein, qui r%u00e9pondent %u00e0 des traitements diff%u00e9rents, r%u00e9v%u00e8le le chercheur. Et m%u00eame dans le cas des cancers dits triple n%u00e9gatif, qui ont malheureusement un pronostic assez d%u00e9favorable, il existe cinq sous-types diff%u00e9rents, avec une expression g%u00e9nique particuli%u00e8re. Aujourd%u2019hui, ces sous-types ne peuvent %u00eatre d%u00e9tect%u00e9s que gr%u00e2ce %u00e0 l%u2019analyse mol%u00e9culaire des cellules, ce qui prend du temps. Mais nos recherches sont en train de montrer qu%u2019un algorithme est capable, en analysant simplement une image de biopsie, de d%u00e9terminer au moins 3 sous-types de cancer triple n%u00e9gatif ! %u00bbUne d%u00e9couverte importante, qui a des cons%u00e9quences directes pour les patientes. %u00ab L%u2019identification de ces sous-types est primordiale, car leur r%u00e9ponse %u00e0 l%u2019hormonoth%u00e9rapie et %u00e0 la chimioth%u00e9rapie est diff%u00e9rente, d%u00e9voilet-il. Or, l%u2019analyse d%u2019une image prend une heure quand pr%u00e8s de 2 semaines sont n%u00e9cessaires pour obtenir une signature g%u00e9nique. C%u2019est donc un gain de temps important pour les patientes, et cela permet d%u2019%u00e9viter des traitements qui seraient inutiles, avec tous les effets secondaires que cela implique. %u00bbEt en recherche, le laboratoire du Pr Sotiriou compte bien utiliser la formidable capacit%u00e9 de l%u2019IA %u00e0 analyser et combiner des donn%u00e9es %u00e0 la fois visuelles, mais aussi g%u00e9n%u00e9tiques. %u00ab Nous travaillons actuellement sur les cancers qui ont m%u00e9tastas%u00e9, afin de mieux comprendre ce qui diff%u00e9rencie, au niveau mol%u00e9culaire, les cellules m%u00e9tastas%u00e9es des cellules de la tumeur primitive, explique-t-il. Nous avons d%u00e9j%u00e0 r%u00e9alis%u00e9 une %u00e9tude au niveau de 
                                
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