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FNRS_news // Septembre ‘13 Émile Francqui (1863-1935) L’idée était dans l’air depuis quelques Solvay, par exemple : ce type d’institu- années déjà. Bien que la Belgique ait tion vient donc en appui du FNRS ou de largement bénéfcié de la révolution la Fondation Universitaire, en proposant industrielle caractérisée par sa produc- d’autres aides, comme des chaires à tion d’acier, d’électricité, des moteurs des professeurs étrangers, ou ce fameux à combustion interne ou encore de Prix Francqui, considéré comme le Nobel la chimie, le Comité Central Industriel belge. Il s’agit d’un encouragement aux (CCI), ancêtre de la Fédération belge savants qui se sont distingués. » des Entreprises (FEB) perd de son opti- misme. Il constate en effet que le pays Un contexte propice est petit - donc avec un marché intérieur Il faut dire qu’au début du siècle, les fort limité - sans ressources naturelles, mentalités sont prêtes à accueillir et avec une main-d’œuvre coûteuse. Pour favoriser l’éclosion des projets de re- survivre dans un contexte économique cherche. Ce contexte, le Pr Kenneth Ber- marqué par les grandes puissances qui trams, Chercheur qualifé F.R.S.- FNRS et nous entourent, notre pays doit innover. directeur du centre de recherche Mondes Dans ce contexte, la nécessité de pro- Modernes & Contemporains à l’ULB , l’a 100 anniversaire des Établissements John Cokerill (1 Octobre 1927). er e mouvoir d’une manière ou d’une autre, étudié : « Plusieurs facteurs ont contribué «Discours de Seraing» la recherche scientifque s’impose… Car à accélérer la création du FNRS : d’abord, l’avenir est dans les « cerveaux ». un environnement ‘idéologique’ propice « Le public ne comprend pas assez D’autres organismes ont vu le jour dans à la recherche fondamentale dans les ce contexte, comme la Fondation Univer- pays industrialisés (la guerre n’est pas chez nous que la science pure sitaire, créée en 1920, à l’initiative tout loin) ; ensuite, une conjoncture écono- est la condition indispensable particulièrement d’Émile Francqui, qui fut mique caractérisée par une croissance ensuite la cheville ouvrière de la création instable, mais favorable aux investisse- de la science appliquée et que le du FNRS… Autant d’organismes qui vont ments ; un climat politique dominé par sort des nations qui négligent la structurer la recherche dans notre pays, Emile Francqui dont le rôle durant la comme l’explique le Pr. Robert Halleux, di- guerre a été essentiel pour moderniser science et les savants est marqué recteur du Centre d’Histoire des Sciences les universités belges ; enfn, une parti- pour la décadence. » et des Techniques (CHST) à l’Université cipation intelligente de la monarchie aux er de Liège : « Le FNRS est né au sein d’un initiatives favorisant l’innovation et la Citation du Roi Albert I lors de son discours de groupe de gens à la même idéologie : croissance économiques. » Seraing, le 1 octobre 1927. er des self-made-men, riches, libéraux, er méfants envers le monde politique et qui En effet, le Roi Albert 1 a donné une im- cherchaient à fnancer la recherche. On pulsion importante aux initiatives en fa- retrouvait à la Fondation Universitaire le veur de la recherche. Et il est aujourd’hui de l’industrie s’accordait à dire que la Entre recherche utilitaire même groupe qu’au FNRS. Elle est née communément admis que son discours, Belgique devait fabriquer des produits à et recherche fondamentale er des surplus des aides alimentaires accor- du 1 octobre 1927, à Seraing, prononcé forte valeur intellectuelle ajoutée. C’est Entre leurs idéaux patriotiques et la e dées à la Belgique lors de la Première à l’occasion du 110 anniversaire des ce qu’on a appelé la ‘scientifcisation’. volonté d’investir dans des projets poten- Guerre mondiale. Sa fonction principale usines John Cockerill, icône de la haute était d’accorder des bourses d’études technologie en matière d’industrie lourde Une autre idée prévalait, conjointement, tiellement rentables, les industriels vont aux étudiants de milieux défavorisés. En- en Belgique, signe le point de départ de à savoir une idée nationale et patrio- être tiraillés, comme le précise Ken- suite, certains membres de la Fondation la création du FNRS. Robert Halleux a tique : la Belgique avait une grande tra- neth Bertrams : « Ne l’oublions pas : le Universitaire ont voulu faire un pas sup- particulièrement bien étudié également dition intellectuelle, elle devait dès lors FNRS est avant tout une initiative privée plémentaire et dépasser ce ‘simple’ sou- la question, rédigeant un livre consacré tenir son rang dans les nations civilisées, ‘encouragée’ par les pouvoirs publics au tien, pour devenir un véritable organisme à l’histoire du FNRS : « Il faut bien garder avancées. Il s’agissait là d’une question nom de l’effort patriotique. Pour stimuler de recherche, créant dès lors le FNRS. à l’esprit que le discours de Seraing du de dignité nationale qui passait par les l’apport fnancier des industriels et ga- Quant à la Fondation Francqui, elle a la Roi Albert 1 n’était pas un discours en gner l’adhésion des universitaires, Émile er même philosophie, mais décerne un prix faveur de la recherche en général, mais savants et les artistes. Ce n’est pas pour Francqui, Félicien Cattier et les industriels complémentaire, fnancé par une seule en faveur de la recherche industrielle. rien si la création du FNRS va de pair ‘éclairés’ (Armand Solvay, Dannie Heine- personne ou un seul organisme dans un Cette opinion était très répandue, et en avec d’autres projets de prestige, comme man, Jean Jadot, etc.) jouent à fond la but plus spécifque, tout comme le Prix particulier au sein du CCI. Tout le monde la Chapelle musicale Reine Élisabeth… » carte de la ‘conception linéaire’ de la
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