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28%u2013 FNRS.NEWS 134-JUIN 2025Entre autocratie et%u00a0esprit de revanche, Donald Trump et son administration malm%u00e8nent la recherche comme jamais auparavant. Trois chercheurs et une chercheuse en sociologie ou sciences politiques livrent leur analyse de la situation. Donald Trump etle sabordagede la science MENACES SUR LA RECHERCHEDonald Trump a %u00e9t%u00e9 investi pr%u00e9sident des %u00c9tats-Unis pour la deuxi%u00e8me fois le 20%u00a0janvier 2025. Depuis, c%u2019est le tumulte. Si, lors de son premier mandat, le monde se r%u00e9veillait en se demandant ce que Trump avait %u00ab%u00a0tweet%u00e9%u00a0%u00bb, aujourd%u2019hui, on ouvre un %u0153il le matin en se demandant ce qu%u2019il a d%u00e9cid%u00e9 la veille. Changement d%u2019%u00e9chelle. Des bourrasques, nous sommes pass%u00e9s %u00e0%u00a0la temp%u00eate permanente. Et la recherche scientifique est compl%u00e8tement prise dans%u00a0cette tourmente. Trois leviers principaux sont actionn%u00e9s contre elle%u00a0: les coupes dans les budgets, les licenciements de masse et la censure. Les%u00a0premi%u00e8res ne sont pas nouvelles. La baisse des financements de la recherche est continue depuis plusieurs ann%u00e9es. Donald Trump la poursuit %u00e0 sa mani%u00e8re, en l%u2019accentuant fortement et en visant particuli%u00e8rement certains secteurs de recherche tels la climatologie, la sant%u00e9 reproductive, ou encore, les maladies infectieuses. Des attaques in%u00e9dites par leur ampleurLa science du climat ou encore les %u00e9tudes de genre subissaient d%u00e9j%u00e0 des attaques s%u00e9v%u00e8res de la part de certains gouvernements dans le monde, mais pas aussi ouvertement, pas non plus dans une d%u00e9mocratie de 347 millions d%u2019habitants. Aux %u00c9tats-Unis, des mots cl%u00e9s sont maintenant bannis pour l%u2019obtention de financements (diversit%u00e9, femme, racisme, changement climatique, etc.), des bases de donn%u00e9es scientifiques ne sont plus accessibles au public, pour ne citer que quelques mesures tr%u00e8s visibles. %u00ab%u00a0Tout cela n%u2019est pas arriv%u00e9 du jour au lendemain. Il y avait des signaux aux %u00c9tats-Unis avec, par exemple, une certaine forme de chasse au %u201cwokisme%u201d et des omissions sous Biden qui ont permis ce que fait Trump. Ailleurs dans le monde, des forces politiques ont pr%u00e9par%u00e9 le terrain en s%u2019en prenant %u00e0 certains types de recherches%u00a0; elles ont fait la courte %u00e9chelle %u00e0 Trump, rappelle Manuel Cervera-Marzal, sociologue des identit%u00e9s contemporaines et Chercheur qualifi%u00e9 FNRS %u00e0 l%u2019ULi%u00e8ge. Mais l%u2019ampleur est in%u00e9dite%u00a0: l%u2019administration de Donald Trump s%u2019attaque %u00e0 la science en tant que telle, pas juste %u00e0 l%u2019un ou l%u2019autre de ses pans. La science menace de s%u2019effondrer enti%u00e8rement.%u00a0%u00bb Ce qui est in%u00e9dit aussi, c%u2019est la visibilit%u00e9 que le pr%u00e9sident am%u00e9ricain donne %u00e0 ses d%u00e9cisions. %u00ab%u00a0Trump est celui qui est le plus %u201c%u200avocal%u201d dans sa volont%u00e9 de remettre en cause certaines institutions de recherche et dans la fa%u00e7on de voir et de faire la science. Il intervient beaucoup dans les journaux et sur les r%u00e9seaux sociaux%u00a0%u00bb, pointe Nathalie Brack, politologue au Cevipol (ULB) et Promotrice principale d%u2019un Mandat d%u2019impulsion scientifique, financ%u00e9 par le FNRS, intitul%u00e9 %u00ab%u00a0Post-truth politics and political parties%u00a0%u00bb.Le terreau de la fureurL%u2019attaque contre la science est frontale, massive et revendiqu%u00e9e. Les observateurs parlent de purge, de sabotage, de%u00a0d%u00e9mant%u00e8lement. D%u2019o%u00f9 vient cette fureur ? %u00ab%u00a0Les discours et les d%u00e9cisions de Donald%u00a0Trump, d%u00e9j%u00e0 pendant son premier mandat, mais encore plus aujourd%u2019hui, s%u2019inscrivent dans une logique populiste autocrate. Ce qui s%u2019accompagne d%u2019une remise en cause des autorit%u00e9s %u00e9pist%u00e9miques, de celles et ceux qui peuvent avoir la l%u00e9gitimit%u00e9 neutre de dire les faits. Ce sont les journalistes, les chercheurs et chercheuses, les institutions scientifiques, les universit%u00e9s, les think tanks qui, en d%u00e9mocratie, jouent un r%u00f4le de contre-pouvoir afin que les d%u00e9cisions soient bas%u00e9es sur des faits et non Les discours et les d%u00e9cisions de Donald Trump [%u2026] s%u2019accompagnent d%u2019une remise en cause des autorit%u00e9s %u00e9pist%u00e9miques.Nathalie Brack,Charg%u00e9e de cours, Promotrice principale de MIS FNRS, Cevipol, ULB