Le premier janvier, l'État français accrochait le seul drapeau européen sous l'Arc de Triomphe parisien pour marquer le début de sa présidence du Conseil de l’UE. En ne le plaçant pas aux côtés du drapeau français, la majorité présidentielle a créé la polémique, témoignant de la force politique de ce symbole dans l’Hexagone.
Valérie Rosoux, Directrice de recherches FNRS et professeure à l'UCLouvain – Université catholique de Louvain en sciences politiques et sociales, commente dans La Libre Belgique les modes d’attachement distincts des Français et des Belges à leur drapeau respectif.
« Notre histoire est d'abord plus récente. Elle est également plus fragmentée. Nous avons d'ailleurs l'habitude de voir le drapeau belge cohabiter avec les drapeaux européen, régionaux et communautaires ; il est rarement seul. Ensuite, notre histoire est contestée par des mouvements régionalistes, et notre drapeau l'est donc aussi. Enfin, notre histoire est plus discrète. Elle n'est pas sacralisée autour d'un panthéon national dont on connaît l'importance en France. Attention cependant. Cela ne veut pas dire que les Belges ne sont pas attachés à leur histoire et donc à leur drapeau, mais cet attachement est différent de celui que l'on observe en France ou aux États-Unis. Je pense que notre sentiment d'appartenance existe, mais qu'il est davantage marqué par une conscience de sa vulnérabilité. Cela s'explique en partie par la manière dont le pays s'est construit, par les tensions et les crises politiques qui nous rappellent notre fragilité. »
« Le rapport qu'entretiennent les Belges avec leur drapeau n'est donc pas défaillant. Il me paraît plus complexe, moins panthéonisé qu'en France, bien que là aussi des différences existent au sein de la population. »