Journée mondiale contre le cancer du sein - 19 octobre 2024
En Belgique, le cancer du sein touche encore une femme sur huit. Heureusement, jour après jour, la recherche avance, permettant une prise en charge plus précoce et ouvrant la voie à des traitements plus efficaces et plus ciblés. Christos Sotiriou, Directeur de recherches FNRS et Promoteur principal Télévie à l’ULB et Directeur des Laboratoires de recherche sur le cancer à l’Institut Jules Bordet, a accepté de faire le point sur les progrès et les défis de la recherche fondamentale en cette journée mondiale contre le cancer du sein.
Est-ce que le nombre de femmes touchées par un cancer du sein en Belgique continue d’augmenter ?
En Belgique, le cancer du sein touche 10.000 femmes chaque année. Une femme belge sur 8 apprendra au cours de sa vie qu’elle est atteinte de cette forme de la maladie. Oui, c’est un chiffre qui continue d’augmenter – et qui augmente même plus que chez nos voisins européens - pour plusieurs raisons. Il y a tout d’abord le fait que la population vieillit et que l’incidence de la maladie augmente avec l’âge. On observe toutefois que le cancer du sein touche de plus en plus de femmes assez jeunes. Et cela peut s’expliquer en partie par notre mode de vie : la sédentarité, la consommation d’alcool et une mauvaise alimentation notamment. Mais cela s’explique aussi par le fait que l’on diagnostique mieux et à un stade plus précoce. Le dépistage s’est généralisé et la technologie est beaucoup plus sophistiquée qu’avant.
C’est plutôt une bonne nouvelle… Cela veut-il dire que l’on prend en charge le cancer à un stade plus précoce et que donc le taux de survie augmente ?
Absolument. Pour les cancers du sein tous stades confondus, le taux de survie à 5 ans est de l’ordre de 90%. Quand on détecte très tôt - au stade 1 -, ce taux passe à 99%.
Est-ce que cela signifie aussi que la plupart des cancers du sein se soignent mieux qu’avant ?
Clairement. On a de meilleurs traitements, des traitements plus ciblés, que ce soit en immunothérapie ou en hormonothérapie. Le traitement dit Herceptin a également connu d’importants progrès. Il s’agit d’anticorps monoclonaux administrés à des femmes souffrant d’un cancer du sein dit HER2+, un type de cancer historiquement très agressif. Ce traitement a clairement amélioré le taux de survie pour les femmes atteintes de ce type de cancer.
Le cancer du sein triple négatif reste-t-il le plus agressif et le plus compliqué à traiter ?
C’est vrai que c’est un cancer très agressif qui jusqu’il y a peu, ne pouvait être traité que par la chimiothérapie. Il peut à présent être traité par une immunothérapie relativement ciblée. Si on le prend en charge tôt, il y a 70% de chances d’en guérir. Plus généralement, dans 60% des cas, il répond aux traitements et on ne trouve plus de cellules tumorales lors d’une opération chirurgicale. Mais bien sûr, cela signifie que dans 40% des cas, et c’est encore beaucoup, on n’arrive pas à ce résultat et qu’il y a donc un risque important de récidive. La bonne nouvelle c’est qu’on est en train de développer de nouveaux médicaments, qu’on qualifie de « chimiothérapie intelligente » : ce sont des anticorps auxquels on a associé de la chimiothérapie et qui permettent de faire entrer la chimiothérapie directement dans la cellule. On cible les cellules tumorales. Ces médicaments sont déjà utilisés pour les cancers du sein triple négatif métastatiques. Et ils sont actuellement testés sur des cancers à un stade plus précoce.
Quels sont les autres progrès que la recherche a permis d’engranger récemment ?
Notre objectif c’est de toujours mieux comprendre la maladie : c’est en améliorant la compréhension qu’on ouvre la voie à de nouveaux traitements. Mais attention : il faut une meilleure compréhension de la maladie elle-même mais aussi de son micro-environnement. Par exemple, nous avons récemment découvert que le cancer du sein triple négatif était divisé en neuf sous catégories et que certaines catégories répondaient à certains traitements en particulier. Cela va permettre de cibler le traitement en fonction du profil de la maladie et de la patiente, et d’en améliorer l’efficacité.
Et quels sont les autres grands espoirs pour un futur proche ?
Il faut encore améliorer l’immunothérapie et poursuivre le travail de recherche sur le traitement par cellules CART-T qui a pour but de s’appuyer sur le propre système immunitaire de la patiente pour combattre le cancer. C’est vraiment l’immunothérapie de demain. Il y a aussi l’espoir d’aboutir à un vaccin pour prévenir les tumeurs ou les traiter dans un futur proche, les essais là aussi avancent.
Quels sont les grands défis que vous devrez continuer à relever dans les prochaines années ?
Il faut continuer à améliorer la compréhension du cancer du sein, et notamment le cancer du sein triple négatif, c’est la clé et c’est à cela que sert la recherche fondamentale. L’autre grand défi reste de comprendre la résistance aux traitements dans le cas des patients et patients métastatiques. L’objectif, dans les années à venir, est également d’aboutir à un dépistage encore plus précis et plus précoce. Enfin, nous avons vraiment la volonté d’ouvrir la voie à des traitements plus personnalisés et moins toxiques, avec moins d’effets secondaires. C’est pour cela que nous continuons à chercher et que la recherche fondamentale, encore une fois, est essentielle et qu’il faut absolument la soutenir.
L'expression de la PTPRK s'est révélée accrue dans les foies d'humains et de souris obèses. L'expression hépatique élevée de PTPRK déclenche une augmentation de la glycolyse, ce qui aboutit à l'activation de PPARγ et à la stimulation de la lipogenèse de novo. Chez la souris, la suppression génétique de la PTPRK offre une protection contre le développement rapide d'une stéatose hépatique dans le cadre d'un régime obésogène et contre le développement d'un cancer du foie.
L'étude postule que PTPRK joue un double rôle : celui de biomarqueur des adaptations métaboliques hépatiques qui influencent le risque de maladie métabolique du foie et celui de cible potentielle pour le développement de nouvelles thérapies.
Environ 880 millions d'adultes dans le monde sont obèses, ce qui représente environ 20 à 25 % de la population belge. L'obésité est un facteur de risque majeur de complications graves, telles que l'augmentation du risque de diabète et de cancer du foie.
L'étude a été développée par le Dr @Eduardo Gilglioni, 1er auteur, Collaborateur scientifique Télévie ; Wadsen Saint-Pierre Wijckmans, Aspirant FNRS ; Tzu-Keng Shen, Aspirant FNRS; Israel Perez-Chavez, Boursier FRIA FNRS ; Garnik Hovhannisyan, Boursier FRIA FNRS ; Valerie Vandenbempt, ex-Aspirante FNRS FNRS ; Sumeet Pal Singh, Promoteur principal de PDR-FNRS ; et Eric Trépo, Chercheur qualifié FNRS.
Ce travail a été soutenu par le FNRS, le Télévie, le WEL Research Institute, Fondation ULB, une subvention ERC Consolidator et a été récemment publié dans Nature Communications.
Lire l'article scientifique