⚖️ La justice colombienne a ordonné au gouvernement de mieux protéger les anciens guérilleros des FARC, signataires de l’accord de paix historique de 2016 et cibles depuis lors de nombreux assassinats.
➡️ Valérie Rosoux, Directrice de recherches FNRS à l’UCLouvain, est revenue sur la situation dans une interview accordée au quotidien colombien El Espectador. Selon la chercheuse, le plus grand obstacle à la consolidation de la réconciliation en Colombie demeure le manque de sécurité dans les territoires pour les ex-combattants et les leaders sociaux.
💬 « J'entends la réconciliation, au sens large, comme la transformation des relations entre des acteurs qui étaient ennemis ou avaient des positions opposées (…) Dans la littérature actuelle sur le sujet, il existe trois approches de la réconciliation : structurelle, psychosociale et spirituelle », a rappelé la chercheuse. Elle souligne qu’en ce sens, le processus de paix en Colombie, avec la mise en place du Système Intégral de Vérité, Justice, Réparation et non-Répétition, est devenu un cas d’étude au niveau international.
📚 Si la littérature montre qu’après un accord de paix, des scénarios de recrudescence de la violence sont observés dans 40 % des cas, comme aujourd’hui en Colombie, Valérie Rosoux estime que cette recrudescence n’est pas synonyme d’échec. « Parfois, lorsque la violence revient, les gens peuvent penser que le processus a échoué. Mais ce n'est pas nécessairement ce qui se passe. Lorsque nous parlons de réconciliation, nous devons penser en termes de générations, et non d'années ou de décennies. Cela peut être difficile mais, après un conflit aussi long et complexe que celui de la Colombie, il était à prévoir que les processus qui suivraient prendraient aussi du temps. Et vraiment, cinq ans, ce n'est pas long, si l’on voit les choses sous cet angle. »
👥 Face aux propositions de modification de l’accord par certains candidats à l’élection présidentielle, la chercheuse a aussi rappelé la responsabilité de l’ensemble de la société. « Il est très facile d'utiliser les morts et la douleur pour marquer des points au niveau politique en faisant passer les héros des uns pour les méchants des autres. Alors bien sûr, dans une société divisée, le passé va être exploité et dans ce sens, la paix le sera aussi. Or, c'est à ce moment-là que les institutions, la société civile et les médias doivent s'atteler à défaire ces stéréotypes, à utiliser un langage de réconciliation et à dénoncer tous ceux qui profitent de la violence pour leurs intérêts politiques ou économiques. »
💬 « En ce moment critique, mon message à la Colombie est de ne pas se décourager. Gérez vos attentes et sachez que ce conflit a été très long et que le chemin à parcourir ne sera pas facile. Mais ne cessez pas non plus de célébrer les victoires au niveau local », a-t-elle conclu.
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