Journée internationale des femmes et des filles de science
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À l’occasion de la journée internationale des femmes et des filles de science, trois chercheuses FNRS en sciences exactes et naturelles se confient sur la place des femmes dans la recherche, et en particulier dans leur domaine : Irem Demir, Margaux Geuzaine et Lucila Peralta Gavensky sont toutes trois lauréates du Prix L’Oréal-UNESCO « For Women in Science » 2024, décerné en collaboration avec le FNRS. Ce Prix vise à accroître la reconnaissance des femmes scientifiques et à les encourager à poursuivre leur carrière.
« La science prospère lorsqu’elle est inclusive »
Irem Demir, Chargée de recherches FNRS, UCLouvain
Irem Demir est ingénieure chimiste, elle travaille dans un domaine multidisciplinaire combinant la physique, la biologie, la virologie et l’ingénierie afin d’étudier les infections virales. Son objectif principal est de caractériser quantitativement les premières étapes de l'entrée des virus dans les cellules vivantes dans des conditions physiologiques.
Que vous apporte le Prix L’Oréal-UNESCO « For Women in Science » ?
Ce Prix signifie énormément pour moi. Il ne s’agit pas seulement d'une reconnaissance de mon travail, mais aussi d’une célébration des contributions des femmes à la science. Ce Prix est non seulement une étape personnelle importante, il est également un message puissant montrant que les femmes ont une place essentielle dans les domaines STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques). Il représente un symbole d'espoir, d'inspiration et de reconnaissance, et prouve que la science prospère lorsqu’elle est inclusive.
Avez-vous rencontré des défis liés au fait d'être une femme dans votre domaine ?
Bien que je n'aie pas rencontré d'obstacles extrêmes ou spécifiques, j'ai remarqué que dans des domaines comme l'AFM (la microscopie à force atomique) et la biophysique, les femmes sont encore sous-représentées dans les postes de direction, les comités de rédaction et même les panels de conférences, ce qui rend les opportunités de réseautage et de visibilité plus compliquées.
Avez-vous constaté des améliorations concernant la position des femmes dans la recherche, en particulier dans votre domaine où les disparités sont historiquement plus marquées ?
Les contributions des femmes à la science ont souvent été ignorées par le passé, mais nous constatons maintenant des progrès significatifs. Dans mon domaine, il reste encore un long chemin à parcourir en termes de représentation, mais la reconnaissance croissante du rôle essentiel des femmes est inspirante. De plus en plus de femmes dirigent des recherches révolutionnaires dans toutes les disciplines, et il est passionnant de faire partie de ce changement.
« Les choses se sont améliorées, mais les préjugés et les stéréotypes existent encore »
Lucila Peralta Gavensky, Chargée de recherches FNRS à l’ULB
Cette physicienne cherche à comprendre les propriétés de la matière et son interaction avec des champs externes à des échelles petites et à des températures basses, où la mécanique quantique joue un rôle clé.
Que vous apporte le Prix L’Oréal-UNESCO « For Women in Science » ?
Ce crédit supplémentaire de fonctionnement me permettra non seulement d'acquérir du matériel pour des simulations numériques, mais aussi de présenter et de partager mes résultats lors de diverses conférences et événements scientifiques. Plus important encore, ce soutien m'aidera à développer mes collaborations internationales et constituera une étape cruciale pour le développement de ma carrière de chercheuse indépendante.
Avez-vous rencontré des défis liés au fait d'être une femme dans votre domaine ?
Il y a eu des moments où je me suis sentie sous-estimée ou traitée de manière injuste simplement à cause de mon genre. Ce type de discrimination ajoute une pression supplémentaire aux défis habituels liés à une carrière scientifique. Les choses se sont améliorées, mais les préjugés et les stéréotypes existent encore. Je crois qu'il est essentiel de continuer à favoriser un environnement plus soutenant qui encourage davantage de femmes —et en particulier les jeunes filles— à faire de la science.
Avez-vous constaté des améliorations concernant la position des femmes dans la recherche, en particulier dans votre domaine où les disparités sont historiquement plus marquées ?
Les choses ont définitivement progressé, principalement grâce à une prise de conscience croissante du biais de genre qui a toujours existé en physique. De nombreuses universités et institutions travaillent activement à soutenir et à recruter des femmes. Cela dit, en tant que physicienne théoricienne, je me retrouve encore souvent seule femme dans la salle, ce qui est un rappel clair qu'il reste encore des progrès à faire pour parvenir à une véritable représentation dans mon domaine.
« Reconnaître le travail des femmes est essentiel pour leur montrer qu’elles ont de la valeur »
Margaux Geuzaine, Chargée de recherches FNRS à l’ULiège
Margaux Geuzaine et chercheuse dans le domaine de l’ingénierie urbaine environnementale. Elle travaille sur les tunnels flottants. Ses recherches consistent à assurer la fiabilité de ces ouvrages et la sécurité de leurs futurs utilisateurs et utilisatrices, en développant un système de suivi en temps réel de leur état de fonctionnement.
Que vous apporte le Prix L’Oréal-UNESCO « For Women in Science » ?
Ce Prix représente bien plus qu’une simple distinction. Soutenir et reconnaître le travail des femmes est essentiel pour leur montrer qu'elles ont de la valeur et les encourager à repousser toujours plus loin les limites, malgré les obstacles. Pour ma part, recevoir ce prix a été une expérience extrêmement valorisante. Il m’a apporté une confirmation précieuse de la valeur de mes recherches et une motivation renouvelée pour poursuivre mon projet avec encore plus d’ambition et de détermination
Avez-vous éprouvé des difficultés liées au fait d’être une femme dans votre discipline ?
Les difficultés que j'ai rencontrées en tant que femme dans ma discipline sont surtout liées aux préjugés, que certaines personnes peuvent avoir, consciemment ou non. Ces a priori, souvent invisibles, obligent les femmes à redoubler d'efforts pour prouver leur valeur et gagner leur place.
Un autre défi réside dans la conciliation entre carrière et projet familial. Il est essentiel de prendre en compte que la création d'une famille peut impliquer davantage de contraintes pour une femme que pour un homme, au-delà du congé maternité. Par exemple, il peut être plus difficile de voyager ou de participer à des conférences en étant enceinte, ce qui peut limiter certaines opportunités professionnelles ou affecter notre compétitivité scientifique à court terme.
Le FNRS joue un rôle de soutien important en tenant compte ces aspects dans l’éligibilité aux appels à projets.
Constatez-vous des améliorations concernant la place des femmes dans la recherche, et en particulier dans votre domaine où les disparités sont historiquement plus importantes ?
On commence à observer des progrès, et il semble y avoir une volonté collective de faire évoluer les choses, notamment grâce à des études et à l’adoption de chartes de bonne conduite en matière d'égalité de genre. Il est désormais important de veiller à respecter les principes de proportionnalité, non seulement à l'entrée dans le domaine, mais aussi jusqu'aux postes les plus stratégiques. Il reste toutefois important, désormais, de passer à la mise en pratique de ces initiatives pour qu’elles aient un impact réel et tangible.
