Votre navigateur ne supporte pas le javascript L'actualité chercheurs
DONS | |

L'actualité chercheurs

Relations entre l'État et les migrants en situation irrégulière

➡ Sophie Adreetta, Chargée de recherches FNRS à l'Université de Liège, est l'autrice du premier article publié dans la nouvelle revue "Migration Politics" et intitulé "Engaging with the State. Illegalized migrants, welfare institutions and the law in French-Speaking Belgium".

📑 Abstract :
⚖ En mettant l'accent sur les stratégies et les solidarités informelles d'une part, et sur les protestations d'autre part, les études actuelles sur la citoyenneté et la migration illégale décrivent deux formes principales de subjectivités politiques parmi les migrants illégaux : "sans" l'État ou "contre" lui. En revanche, cet article analyse la manière dont les migrants utilisent les lois et les institutions de l'État, expriment leurs attentes et font valoir leurs revendications dans les lieux officiels - en bref, comment ils agissent "avec" l'État.

👥 Il s'appuie sur un travail ethnographique de terrain portant sur les demandes d'aide sociale des migrants en situation irrégulière en Belgique francophone et sur les différents acteurs impliqués dans l'évaluation ou l'avancement de leur dossier. Les discours et les attentes des migrants à l'égard du bureau d'aide sociale donnent un aperçu de leur compréhension de l'État, soulignent le rôle crucial des avocats spécialisés dans l'immigration dans la médiation des cas, et permettent finalement une lecture plus nuancée de l'idée selon laquelle la dépendance à l'égard de l'aide sociale entraîne l'expulsion.

🗣 D'un point de vue théorique, cet article contribue aux débats en cours à la fois dans l'étude de l'État et dans les études sur la migration, en montrant comment l'équité procédurale peut être un aspect central - dans ce cas - de la relation des migrants avec l'État et de leurs attentes, et comment les stratégies et les pratiques d'inclusion des migrants peuvent également être formelles, basées sur les lois et les institutions étatiques existantes.

Plus d'infos...


La guerre en Ukraine impacte le spatial

➡️ Emmanuël Jehin, Maître de recherches FNRS et astrophysicien au sein de l'unité de recherche Space sciences, Technologies and Astrophysics Research (STAR) de l'Université de Liège, était présent sur le plateau de l'émission de la RTBF "Déclic" pour décrypter l'impact de la guerre en Ukraine sur le domaine spatial.

🌎 L'exploration spatiale est devenue, depuis plusieurs décennies, une affaire internationale qui n'avait cessé de se développer via des projets collaboratifs entre de nombreux pays. Mais la position de la Russie face aux pays occidentaux a déjà actuellement des conséquences sur la gestion des programmes spatiaux :

🇷🇺 "On sent que les choses bougent un petit peu, déjà depuis quelques temps mais ce week-end, le directeur de Roscosmos, l'Agence spatiale russe, a envoyé des tweets extrêmement agressifs envers ses partenaires occidentaux suite aux différentes mesures prises contre la Russie, en menaçant même que la station spatiale internationale (ISS) pourrait décrocher de son orbite et tomber sur la Terre, et notamment plutôt sur les pays occidentaux que sur la Russie. Info, intox ? Clairement, c'est un proche de Poutine, qui se devait probablement de réagir, mais malgré tout, il faut rester prudents car ce sont les Russes qui ont les clés des moteurs de la station spatiale avec leurs vaisseaux-cargos Progress et Soyouz, ce sont eux qui peuvent replacer sur son orbite la station spatiale."

🛰 Les Russes pourraient-ils quitter l'ISS ?
"La quitter, oui, la détruire, clairement pas. Mais s'ils la quittaient, ils n'auraient plus accès à l'espace. Leur module également vaut quelque milliards de dollars. La partie de l'ISS des Russes, c'est une extension de leur pays, donc je ne suis pas sûr qu'ils la laisseraient tomber aussi facilement que ça. Par contre, ce qu'on remarque depuis quelques temps, c'est qu'ils s'allient plutôt avec les Chinois, ils disent qu'ils vont construire leur propre station spatiale, on a remarqué que leur section dans l'ISS devenait vraiment très vétuste avec de plus en plus de problèmes récurrents... En fait, si les Américains ont annoncé il y a quelques temps qu'ils allaient prolonger l'utilisation de la station spatiale jusqu'en 2030, les Russes n'ont pas encore donné leur accord, et en fait on a quand même un peu l'impression - même si cela est peut-être un jeu pour faire pression - que les Russes sont en train de se désengager de la station spatiale "internationale" (les Chinois n'ont jamais été invités à bord de la station, donc elle n'est pas tellement internationale)."

👩‍🚀 Un nouvel astronaute américain doit se rendre bientôt à bord de l'ISS via une fusée Soyouz. Cela se fera-t-il ?
"Il y a quelques jours, le patron de l'agence spatiale russe indiquait que les astronautes américains n'avaient qu'à redescendre par leurs propres moyens... Il avait déjà fait le coup lors de la guerre de Crimée, lorsqu'il il avait dit que les Américains n'avaient qu'à utiliser un trampoline pour remonter dans l'ISS. À côté de ça, on a la NASA qui tient un discours très calme. Hier, le directeur des vols spatiaux de la NASA a réaffirmé que tout se passait bien à bord de la station, que chacun faisait son boulot en grand professionnel et qu'a priori il n'y avait pas beaucoup de discussions autour de la guerre."

💫 Des projets internationaux, il y a en a beaucoup d'autres, comme la base de lancement à Kourou, en Guyane française.
"Elle a accueilli il y a quelques années un pas de tir avec des fusées russes, justement pour complémenter les grosses fusées Ariane, qui amènent du très gros matériel. Les Russes ont décidé, au tout début de la guerre, de retirer leurs 80 ingénieurs et techniciens, laissant en plan un lancement qui ne se fera pas, avec deux satelittes GPS Gallileo européens et un satellile militaire français. (...)"

🪐 "Plus triste, encore, dans tout cela, au niveau scientifique, il y a une superbe mission européenne, celle du rover de la mission ExoMars, qui est en préparation depuis plus d'une dizaine d'années, pour laquelle des dizaines de scientifiques et notamment des Belges, ont travaillé. Ils étaient en train de faire les derniers tests et devaient aller en Russie pour un lancement prévu en automne. Malheureusement, la date de lancement est indéterminée, c'est "on hold". Le problème c'est qu'on ne peut pas aller sur Mars tous les jours, il faut une bonne configuration orbitale, il faudra attendre 2 ans encore."

👥 "C'est un énorme gâchis. Le problème, aussi, si les Russes se désengagent, c'est qu'il va être difficile de repartir dans la bonne direction. C'est beaucoup de choses qui sont remises en cause et on ne peut pas remettre tout cela en marche en un claquement de doigts. Si les Russes se désengagent de la station spatiale, je ne suis pas sûr que les Américains et les Européens vont pouvoir continuer à l'exploiter parce que les Russes avaient un rôle très important donc finalement ça pourrait être la fin un peu prématurée de la station spatiale, même si elle a duré 2 fois plus que ce qui était prévu initialement. Mais l'idée était d'aller jusque 2030 et de la désorbiter de façon contrôlée. (...)"

Plus d'infos sur rtbf.be...


Millenials : bienvenue dans l'époque de la "permacrise"

😫 Pandémie, guerre en Ukraine, crise de l'énergie... 50% des jeunes souffriraient d'anxiété et de dépression. Dans ce climat de "permacrise", faut-il s'inquiéter pour les millenials, ces adultes en devenir ? S'ils sont tous capables de résilience, certains jeunes sont plus vulnérables que d'autres.

➡ Dans cet article du Vif, deux chercheurs du Psychological Sciences Research Institute de l'UCLouvain – Université catholique de Louvain analysent les effets de cette "permacrise" sur les jeunes :

🔹 Alexandre Heeren, Chercheur qualifié FNRS
🔹 Olivier Luminet, Directeur de recherches

👥 Si Alexandre Heeren, constate effectivement que les millennials ont encaissé beaucoup de chocs, "ce n'est pas forcément une mauvaise chose". Le professeur a étudié l'éco-anxiété, soit l'impact du changement climatique sur le bien-être psychologique. Lors de son étude, Alexandre Heeren a observé que "chez la plupart des répondants, l'éco-anxiété est associée positivement à un changement de comportement". "Lorsque l'incertitude se manifeste, l'anxiété est l'émotion qui par défaut s'active", explique le spécialiste. Son rôle est très utile puisque c'est grâce à cette anxiété que les personnes se mobilisent, réagissent. Elles changent de comportement, s'informent davantage, rejoignent des groupes d'action locaux...

Olivier Luminet reconnaît également le rôle mobilisateur des émotions. "Lorsqu'on ressent des émotions, c'est parce qu'on se sent concerné par la chose". "Et l'émotion, par définition, engendre l'action", développe-t-il. Comme en témoignent les marches pour le climat : le sentiment de peur a amené les jeunes à se mobiliser pour l'écologie. Reste à savoir si ces mobilisations, enrayées par la pandémie et les confinements successifs, vont reprendre de si tôt. "Nous allons voir si, dans les prochains mois, les jeunes sont dans une peur mobilisatrice ou bien dans une peur plus paralysante".

"Pour voir les conséquences de cette anxiété sur le long court, il va falloir attendre dix ou quinze ans", estime le Alexandre Heeren. Actuellement, deux scénarios se dessinent quant au profil de ces adultes en devenir : soit des personnes extrêmement résilientes, capables de s'adapter et de faire face à la multiplicité de crises, soit des personnes très vulnérables, usées par l'incertitude. Dans le futur, on peut imaginer les millenials constitueront une sorte "d'hybride" entre ces deux profils.

Si l'humain est doté d'une capacité étonnante de résilience, les personnes qui disposent déjà d'une série de ressources, financières ou relationnelles, feront plus facilement usage de cette force. Mi-février, le Conseil Supérieur de la Santé tirait une nouvelle fois la sonnette d'alarme quant aux conséquences de la pandémie sur le bien-être psychologique de la population. "Nous avons constaté, lors de la crise du Covid-19, que les inégalités augmentent", indique Olivier Luminet, également membre du CSS. Les personnes étant déjà dans une situation de précarité ne vont pas pouvoir faire usage de cette résilience et vont donc être extrêmement fragilisées. Si d'une part, certains jeunes vont sortir grandis de cette crise, "d'autres se verront sans doute marqués à vie par leur vécu lors de la pandémie", ajoute le chercheur.

Pour Alexandre Heeren, "il est plus que jamais temps d'entraîner à la résilience, à accuser les chocs, à devenir résistant". Comment fonctionne le cerveau ? Quels sont ses mécanismes automatiques ? S'il est insupportable pour l'humain d'être exposé à l'incontrôlable, "il doit pouvoir apprendre à faire avec". L'enjeu sera également de mener un "dialogue intergénérationnel", estime le professeur. "Nous allons avoir des jeunes adultes qui effectivement ont été exposés à beaucoup plus d'incertitudes que ne l'ont été les décideurs politiques au passage à l'âge adulte, et il va falloir faire en sorte que ces deux générations puissent discuter", conclut-il.

Plus d'infos sur LeVif.be...

 


Examen de l'évaluation des risques liés à l'exposition au mercure chez les mammifères marins et terrestres de l'Arctique

Consultez cette nouvelle étude collaborative sur l'état des connaissances sur les risques pour la santé associés aux concentrations de Hg chez les mammifères marins et terrestres de l'Arctique.

Saviez-vous que :
- La plupart des mammifères arctiques sont à risque faible/aucun en raison de l'exposition au mercure.
-Les mammifères terrestres sont faibles et les mammifères marins sont élevés en concentration de mercure.
-Sur 3 500 mammifères marins, 6 % sont à risque élevé/grave du mercure. -Les lacunes dans les connaissances comprennent des seuils d'effets améliorés et des données plus récentes.
- Les points chauds du biote trophique élevé dans l'Extrême-Arctique canadien semblent liés au MeHg de l'eau de mer.

FNRS - ULiège Recherche & Innovation
Krishna Das - Marianna Pinzone

Plus d'infos...


Un monopôle étrange observé dans le diamant : quand la théorie des cordes inspire la simulation quantique

Les physiciens théoriciens ont l'habitude d'introduire des particules ou des champs fictifs dans leurs calculs dans le but de compléter une théorie ou simplement pour la rendre plus esthétique. Un exemple frappant concerne le monopôle magnétique, source ponctuelle de champ magnétique introduite par Dirac en 1931. Bien que des monopôles de Dirac n'aient jamais été observés dans la nature et que leur existence est exclue par les lois de l'électromagnétisme classique, ils apparaissent de façon effective dans de nombreux problèmes physiques, notamment en physique du solide.

➡️ En 2018, deux chercheurs du Center for Nonlinear Phenomena and Complex Systems de l'ULB - Université libre de Bruxelles, Giandomenico Palumbo et Nathan Goldman, Chercheur qualifié FNRS, ont proposé un schéma expérimental permettant la création et l’observation de monopôles exotiques, appelés « monopôles tensoriels », initialement imaginés dans le cadre de la théorie des cordes. Ces monopôles qui vivent dans un espace à quatre dimensions sont des sources ponctuelles de champs magnétiques généralisés (dits de Kalb-Ramond) qui apparaissent naturellement dans le cadre mathématique de la théorie des cordes. Le résultat central de Palumbo et Goldman, publié en 2018 dans les Physical Review Letters, est la démonstration que de tels monopôles peuvent être créés de façon artificielle en manipulant un système quantique simple, comme un atome à trois niveaux couplés par laser.

➡️ Dans une publication parue dans Science et à laquelle Palumbo et Goldman contribuent, l'équipe de Paola Cappellaro (MIT) décrit l'implémentation expérimentale de leur modèle, ainsi que l'observation et la caractérisation du monopôle tensoriel associé. Dans cette expérience, les chercheurs manipulent un atome artificiel réalisé à partir d'un défaut dans le diamant (un centre azote-lacune ou centre NV). Ce système hautement contrôlable a permis de préparer le monopôle synthétique, de mesurer le champ de Kalb-Ramond qui en émane, ainsi que la charge du monopôle (un nombre entier établi par la topologie).

Ce travail illustre comment un simulateur quantique peut être exploité en vue d'étudier des structures physiques abstraites et complexes, initialement introduites dans le cadre de la physique mathématique.

➕ L'article, publié dans la revue scientifique Science : https://www.science.org/doi/10.1126/science.abe6437