La décolonisation de l’espace public au cœur des débats bruxellois
Le groupe de travail mis en place par le gouvernement bruxellois pour entamer la réflexion sur les symboles de la colonisation dans l’espace public de la capitale a rendu son rapport de 250 pages. Il recommande notamment que la destruction des sculptures érigées à la mémoire de la colonisation doit demeurer exceptionnelle et dûment argumentée. Ces recommandations font toutefois débat entre historiens et politiques. ➡ Romain Landmeters, ancien Boursier FRESH-FNRS (2018-2021) à l'Université Saint-Louis - Bruxelles, était sur le plateau de BX1 pour aborder la décolonisation de l'espace public.
❓ Débaptiser des places, toucher à l'histoire dans l'espace public, une première ?
💬 "Ce ne serait pas la première fois qu'on le ferait, évidemment. Après la Première Guerre mondiale, il y a un certain nombre de noms de rues et de statues qui faisaient référence à la germanophilie bien présente dans l'espace public avant la Première Guerre mondiale, et cet espace public a changé puisque un certain nombre de groupes dans la société ne pouvait plus supporter la présence d'une mention germanophile.
❓ Décoloniser l'espace public, c'est réécrire l'histoire ?
💬 "Cette démarche, elle relève davantage de l'aspect politique que de l'aspect historique. Quand on dit réécrire l'histoire, c'est ce que mes collègues et moi-même avons choisi de faire comme métier. Notre travail, c'est continuellement de réécrire l'histoire. Donc ce n'est pas vraiment l'objet ni de ce rapport, ni de l'objet qui s'y trouve, c'est vraiment un projet éminemment politique et c'est aussi la raison pour laquelle je pense que les parlementaires doivent s'y investir."
❓ Est-ce que s'interroger sur la pertinence et les dérives de la décolonisation, ce n'est pas parfois perçu comme une attaque envers la monarchie belge ? Et est-ce que c'est ça qui rend le débat si électrique ?
💬 "C'est certainement toucher à la monarchie belge et pas seulement à Léopold II mais séparer la colonisation au moment de l'état indépendant du Congo de la colonisation au moment du Congo belge, et d'ailleurs c'est très présent dans le rapport qu'ont rendu les experts au niveau fédéral, on y trouve davantage de continuité dans la manière de coloniser, de pratiquer la colonisation que le contraire, et donc en fait je ne ferais pas de différence entre ces deux moments, mais il est clair que, comme le rôle de l'église a été important, le rôle de la monarchie et le rôle des entreprises coloniales belges a été très important donc l'un n'est pas dissociable de l'autre."